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LOCARNO 2023 Compétition

Critique : The Permanent Picture

par 

- Laura Ferrés présente un film original et libre, entre comédie sombre et film dramatique de peinture des mœurs

Critique : The Permanent Picture
María Luengo (à gauche) et Rosario Ortega (centre) dans The Permanent Picture

Dans une des séquences initiales de La imatge permanent [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Laura Ferrés
fiche film
]
, le premier film de Laura Ferrés, deux jeunes femmes se disent qu’elles n’ont jamais vu la mer. "Je crois que ça doit apporter sérénité et peur", dit l'une d'elles. "De la peur ?", demande son amie. Ce à quoi l'autre répond : "Oui, parce qu’on ne peut pas voir ce qu’il y a au fond". Presque imperceptiblement, cette scène révèle l’essence du film : il traite de la part de mystère qu'il y a en chacun de nous parce que, comme le conclut l'amie, il n'y a pas que la mer dont on ne voit pas le fond.

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Le film, écrit en collaboration avec Carlos Vermut et Ulises Porra, projeté en compétition au Festival de Locarno, raconte l’histoire de deux femmes qui se rencontrent par hasard. Carmen, qui réside dans la banlieue de Barcelone, travaille comme directrice de casting pour une agence de publicité et doit rencontrer une personne "normale" pour une campagne politique. Pendant ses recherches, elle fait la connaissance d'Antonia, une VRP avec laquelle elle se retrouve à établir une relation singulière où l'on va découvrir qu'elles ont beaucoup plus en commun qu'il n'y paraît. À partir de cette trame, le film ouvertement et éloquemment de cette part d'ombre que nous avons tous en nous, de ce que les visages des gens disent et ne disent pas d'eux, de l’impossibilité de connaître l’autre, de l'étrangeté des liens que nous formons et perdons au fil de notre vie, du désir d’aimer et d’être aimé, de la manière dont le passé pèse sur le présent, de solitude, des images qui restent avec nous.

Les questions que pose le film sont intéressantes, mais ce qui fait que ce titre se démarque, c'est sa façon de les poser. L’histoire est racontée de manière voilée, à la manière d'un puzzle que le spectateur doit reconstituer, en complétant les espaces que la réalisatrice n’a pas voulu combler. À partir du pouvoir symbolique des images, on est renvoyé à ces idées de solitude, d'étrangeté, d'obscurité, de mystère, d'extraordinaire dans l'ordinaire. Un karaoké le temps duquel on peut oublier qui on est, deux embarcations qui se croisent pour ne plus jamais se rencontrer, une chambre vide qui a un jour été habitée, deux femmes qui se baignent dans la mer, des visages de gens qui n’ont jamais existé, une figure fantôme sur une photo, deux images qui se superposent : des objets, des lieux et des instants de vie qui évoquent librement ces questions.

Tout cela est raconté avec inventivité, par la suggestion, avec un humour particulier, contondant, noir et sec. Si, parfois, il peut sembler que l'intention de déconcerter soit un peu forcée, elle est cohérente par rapport au fond de l'histoire, par rapport à l'embarras que produit le contraste entre la lourdeur et l'absurdité de la banalité. María Luengo et Rosario Ortega, les actrices débutantes qui jouent les rôles principaux, confèrent une grande vérité à ce ton que recherche le film, entre noirceur, drôlerie et la tendresse, et à l'humanité de ses personnages.

La imatge permanent est un film qui a de la personnalité, un film d'une beauté étrange, différent d’autres films sur la perte et les retrouvailles qu'on a l'impression d'avoir déjà vus mille fois. Son plus grand atout est l’originalité et la liberté avec laquelle Ferrés ose raconter son histoire d'amour et de solitude.

La imatge permanent a été produit par les ociétés espagnoles Fasten Films et Materia Cinema avec la française Le Bureau, avec le soutien de TV3. Les ventes à l’étranger du film sont assurées par Be for Films. En Espagne, il sera distribué par La Aventura.

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(Traduit de l'espagnol)

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