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PALIĆ 2023

Laura García Andreu • Réalisatrice de Domingo Domingo

“Maintenant, même nous les gens issus de contextes socio-culturels différents, qui n'avions avant pas accès au cinéma, avons la possibilité de raconter nos histoires”

par 

- La réalisatrice espagnole originaire de Valence nous parle de son deuxième long-métrage, qui est un ravissant portrait de personnage doublé d'une revendication du travail des agriculteurs

Laura García Andreu  • Réalisatrice de Domingo Domingo
(© Damir Vujković)

Dans son deuxième long-métrage documentaire, Domingo Domingo [+lire aussi :
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fiche film
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, Laura García Andreu nous transporte dans les champs d’orangers de Valence en Espagne, pour nous présenter un personnage excentrique et mémorable, tout en revendiquant avec humour la reconnaissance du rôle des agriculteurs dans l’industrie alimentaire. Après sa première mondiale à Thessalonique, le film a été présenté dans la section Eco Dox du 30e Festival du cinéma européen de Palić. Nous avons interrogé la réalisatrice sur son rapport à son sujet et le regain d’intérêt actuel du cinéma espagnol pour la ruralité.

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Cineuropa : Comment avez-vous connu Domingo et à quel moment avez-vous décidé de faire un film sur lui ?
Laura García Andreu : Domingo est le cousin de mon compagnon. Nous nous sommes croisés à des repas de famille, mais nous n’étions pas proches. Je cherchais des histoires pour un nouveau documentaire et j’avais très envie de faire quelque chose qui ait une touche d’humour. À un de ces repas, Domingo n'arrêtait pas de parler d'oranges avec mon beau-père, et j'ai trouvé qu'il avait beaucoup de charisme. Nous savions déjà qu’il avait une variété secrète qu’il voulait faire breveter. Par ailleurs, l’agriculture m’a toujours intéressée, parce que j’ai grandi dans les champs depuis très petite. J’ai toujours la sensation que les agriculteurs ne se sont jamais vu reconnaître la valeur et la répercussion sociale qu'ils méritent. C'est là que j’ai décidé que je voulais raconter cette histoire. On est allés tourner un soir, pour monter un teaser, et on a vu que ça fonctionnait, de sorte qu'on a commencé à le présenter dans les laboratoires.

Au-delà de l'intérêt que vous avez personnellement pour le sujet, connaissiez-vous bien, avant, la situation que vivent actuellement ces agriculteurs, en particulier tout ce qui concerne les brevets et les inégalités dans ce secteur.
J’avais quelques notions de la chose à travers ce que j’entendais dire dans le village, parce que là-bas, tout le monde a des champs et parlent constamment d'oranges. Je me suis familiarisée avec le nom des variétés, les fléaux qui peuvent toucher les cultures, le fonctionnement des brevets et les coopératives… Il y a beaucoup d’informations qui ne sont pas dans le film, parce que je ne voulais pas non plus faire un documentaire d'information. Ça a été un peu compliqué de trouver cet équilibre, de décider de la quantité d’informations que nous devions intégrer au film pour que le spectateur lambda puisse comprendre ce monde, ce qu’il y a derrière ce que nous mangeons, mais sans perdre la fraîcheur des personnages et la partie plus anthropologique.

Le film mélange plusieurs genres : il y a des moments comiques et d'autres plus proches du thriller. Avez-vous beaucoup travaillé cela au stade du scénario ou vous êtes-vous laissé porter par les événements ?
Un documentaire se construit tout au long de sa fabrication, y compris au montage, parce qu’il y a énormément de matériel dont on doit se défaire. Il y avait beaucoup de choses dans le scénario, notamment la trame Domingo, qui était très claire dès le début, de même que cette touche un peu canaille du thriller mêlé à la comédie. À côté de ça, il y a eu des choses qui se sont présentées en cours de route, et d’autres que je voulais avoir dans le film et qui, du fait des circonstances, n'ont pas eu lieu.

Quand Domingo va à la foire de Berlin, on comprend que les grandes décisions sur le secteur sont hors de son contrôle.
Dans le village, on parle toujours de ces multinationales qui contrôle les brevets, mais les gens ne les ont jamais vues. Ils font référence à ce monstre, qui est aussi représenté métaphoriquement dans le documentaire, mais en réalité, ils ne le connaissent pas. C’est pour cela qu’il nous paraissait intéressant d’accompagner Domingo à Berlin et de voir comment il allait leur faire face, même indirectement. Dans ce village, la place qu'ont les oranges est impressionnante, mais les décisions les plus importantes sont prises dans un bureau, très loin de là.

Ces dernières années, on a vu plusieurs films qui abordent le thème de la campagne et de la situation des petits agriculteurs, notamment Alcarràs [+lire aussi :
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. Selon vous, d'où vient cette tendance ?
Il me semble curieux qu’en général, ce soit nous, les femmes, qui regardent dans cette direction. Je pense que ce courant de films concentrés sur la ruralité a à voir avec le fait que maintenant, même nous les gens issus de contextes socio-culturels différents, qui n'avions avant pas accès au cinéma, avons la possibilité de raconter nos histoires. Cela comprend des gens dont la famille s'ancre dans le monde rural et d'autres à qui cela paraît très injuste qu'on ne traite pas davantage de ces univers, alors que ce sont des secteurs stratégiques. Si on laisse les multinationales contrôler tout ce qu’on mange, la situation pourrait devenir très dangereuse. Au bout du compte, nous racontons tous des histoires sur ce qui nous émeut.

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(Traduit de l'espagnol)

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