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PALIĆ 2023

Vasilis Katsoupis • Réalisateur d’Inside

“Après cette expérience, je suis complètement certain que l’art n’est pas un luxe”

par 

- Le réalisateur grec nous parle de l’origine de son nouveau film, de sa collaboration avec Willem Dafoe et de sa vision de l’art comme un besoin humain élémentaire

Vasilis Katsoupis  • Réalisateur d’Inside
(© Damir Vujković)

Après que le film ait fait sa première mondiale dans la section Panorama de la Berlinale en début d’année, réalisateur grec Vasilis Katsoupis a présenté son premier long-métrage, Inside [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Vasilis Katsoupis
fiche film
]
, en compétition au 30th Festival du cinéma européen de Palić, où il a reçu une mention spéciale du jury officiel (lire l'article). Nous avons rencontré le réalisateur pour discuter de ce travail, où un voleur d'oeuvres d'art joué par Willem Dafoe rentre par effraction dans une luxueuse penthouse new-yorkaise et se retrouve prisonnier à l’intérieur.

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Cineuropa : Comment vous est venue l'idée de ce film ?
Vasilis Katsoupis : En observant les gratte-ciel à New York, je me suis mis à penser aux histoires de survie comme Robinson Crusoé et Seul au monde, mais dans un décor différent : au milieu d’une mégalopole bondée et non sur une île lointaine. Je trouve que ce contexte intensifie le sentiment de solitude, parce qu’on voit tout le monde autour de soi qui continue sa vie tandis qu’on est coincé. C'était ça l'idée de départ. L'antagoniste est l’appartement lui-même, qui en même temps représente son propriétaire, personnifié à travers sa collection d'oeuvres d'art. C’est comme ça que l'art est devenu un des éléments les plus importants du film, dans notre récit et notre narration.

Vous avez dit en interview que Willem Dafoe a toujours votre premier choix pour le rôle principal. Qu’est-ce que cela a signifié pour vous d’obtenir sa participation et comment êtes-vous parvenu à le convaincre ?
Je sais que c’est bizarre de dire que c’était mon premier choix parce que ça fait arrogant. Qui suis-je pour avoir Willem Dafoe comme mon premier choix de comédien pour mon film ? J'ai réalisé un rêve, en obtenant la participation d'un des acteurs que j’aime depuis mon enfance. Je n’aurais jamais pensé faire pour de vrai un film avec lui. Mais les rêves deviennent réalité. Je pense qu’il a été attiré par l’idée et le scénario que [le scénariste] Ben Hopkins et moi lui avons présenté.

Il a dû pas mal influer sur la manière dont le personnage s'est développé. Comment avez-vous travaillé sur ce rôle avec lui ?
Je lui ai fait complètement confiance pour façonner ce personnage. Je lui ai dit que le film ne pouvait fonctionner que si le personnage, et les choses qu’il fait, lui parlaient et correspondaient à la manière dont lui réagirait dans une telle situation. Nous avons travaillé ensemble sur les dernières versions du scénario et nous avons continué de l’adapter en tournant. Près de 40 % de ce que vous voyez à l'écran est improvisé. Nous avions un chef opérateur formidable et très rapide [Steve Annis] qui pouvait très vite réarranger les éclairages. Nous sommes parvenus à rester ouverts, et cette ouverture a beaucoup aidé.

Les films sur les gens enfermés dans des endroits sont pratiquement devenu un genre. Qu’est-ce qui vous attire dans ce genre d’histoire ?
Les réactions des personnages et leur ingénuité. Je pense que c’est une histoire à laquelle tout le monde peut se rapporter, surtout après l’expérience du confinement. Nous étions enfermés dans nos appartements et maisons, et nous sommes parvenus à surmonter la situation de différentes manières. C’est pour cela que je voulais faire un film ouvert à l’interprétation, selon l'expérience de chacun.

Avez-vous veillé à éviter de possibles trous d'intrigue au niveau du scénario ?
Si vous regardez le film logiquement, il n'est pas impossible qu'il ait trop de trous dans son intrigue, mais ce n’est pas important. L’idée est d'entrer dans ce trou noir, de se laisser perdre dans le temps et de suivre ce personnage. Si vous essayez de trouver tous les indices, comme un détective, vous passez à côté. Il faut regarder les films et les œuvres d’art avec son cœur, pas avec son cerveau.

Considérez-vous le cinéma comme un luxe, ou un besoin humain élémentaire ?
Après cette expérience, je suis complètement certain que ce n’est pas un luxe. Dans la société moderne, nous avons tendance à faire de l'art une commodité. Nous le voyons comme un investissement. Cependant, si vous songez à la quantité de musique, de films et de livres que nous avons consommés pendant le confinement, il est clair que c’était la seule manière de survivre. Si je vous enferme dans une pièce vide pendant des jours entiers sans aucune stimulation visuelle, même si vous avez de la nourriture et de l'eau, vous allez devenir fou. L'art, c'est ça, c'est une stimulation visuelle, et aussi un outil pour communiquer. C’est grâce à ça que nous savons comment vivaient les civilisations antiques, grâce aux oeuvres qu’elles ont laissé derrière elles. C’est une capsule temporelle.

En parlant de luxe, la possibilité de tourner dans l'ordre chronologique reste un privilège assez rare au cinéma. Comment cela s’est-il passé ?
Ce film est de ces projets qu’on n'aurait pas pu tourner autrement, parce que tout le décor allait devoir être détruit de plus en plus, jour après jour. En fait, c'était moins cher de tourner dans l'ordre chronologique, et ça a aussi permis à l’acteur de développer son personnage de manière progressive. Ça a été un très beau parcours.

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(Traduit de l'anglais)

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